22, 23 & 24 juin 2007
à Saint-Denis
30
ans que les banlieues réclament justice et que
des revendications précises ont été formulées
au travers de marches, de révoltes, de grèves
de la faim, de manifestations et de réunions publiques.
15 ans que le Ministère de la Ville a été crée
pour répondre à la relégation sociale et la ségrégation
urbaine des cités. Les gouvernements passent avec
leurs lots de sigles et de recettes miracles "politique
de la ville, rénovation urbaine, cohésion sociale
: DSQ, ZEP, ZUP, ZAC, ANRU....".
Nos
quartiers servent de défouloir pour des politiques
et des médias en mal de petites phrases assassines
sur les "territoires perdus de la République",
"parents irresponsables", "zones de non-droit"
"mafiatisation" et autres "dérives islamistes".
Les habitant-e-s, et notamment les jeunes, sont
stigmatisé-e-s et désigné-e-s comme les principaux
responsables des dérives de notre société. Ca
ne coûte pas cher de donner des leçons de civisme
et de montrer du doigt les "racailles" ou les
"sauvageons" en les jetant à la vindicte populaire.
Les
banlieues deviennent une problématique à part,
dont on confie la gestion à la police et à la
justice. Pourtant des révoltes des Minguettes
(1981) à celles de Vaulx-en-Velin (1990), de Mantes-la-Jolie
(1991) à Sartrouville (1991), de Dammarie-les-Lys
(1997) à Toulouse (1998), de Lille (2000) à Clichy
sous Bois (2005), les messages sont clairs :
Assez des crimes et des violences policières impunis,
des contrôles aux faciès, des écoles au rabais,
assez de chômage programmé, de sous-emplois, de
logements insalubres, assez de la prison, assez
de hagra et d'humiliations ! On s'habitue aux
souffrances silencieuses de millions d'hommes
et de femmes qui subissent au quotidien des violences
sociales bien plus dévastatrices qu'une voiture
qui brûle.
Il
est légitime de se révolter face à cet ordre social
!
Parce
que nous refusons de déléguer notre pouvoir à
ceux qui ne nous représentent pas, le Forum social
des quartiers populaires sera un espace d'affirmation
d'une parole politique, sociale et culturelle
à partir des expériences, des histoires, et de
la mémoire de nos quartiers. Il sera le lieu de
réflexions et de convergences de luttes locales,
toutes et tous ensemble donnons leur une visibilité
nationale !
Nos
quartiers et leurs habitant-e-s sont riches d'histoires
et de traditions d'engagements. Des révoltes d'esclaves
à la Commune de Paris, de l'Etoile nord-africaine
à la Main d'Oeuvre Immigrée (MOI), de la manifestation
du 17 octobre 61 aux luttes pour la résorption
des bidonvilles et des cités de transit, des grèves
des foyers Sonacotra à la Marche pour l'égalité,
de l'occupation de l'usine Talbot Poissy au mouvement
des chômeurs, du mouvement des sans-papiers au
comité contre la double peine ; tous ces combats
sont constitutifs de l'histoire politique, sociale
et syndicale de France. Sortons de l'amnésie collective
et de l'ignorance politique pour nous réapproprier
notre mémoire et notre histoire.
Les
mouvements d'éducation populaire et les centres
sociaux ont été mis en faillite depuis bien longtemps,
par les pouvoirs publics en place. Nous affirmons
que nous avons aussi notre responsabilité lorsque
nous ne faisons rien. Il n'est pas question d'entretenir
la démagogie selon laquelle ce serait toujours
les autres qui seraient responsables de tous nos
malheurs, nous ne pouvons ignorer notre responsabilité
collective. A nous d'inventer des formes de solidarités
réelles pour améliorer nos conditions de vie.
Nous
avons beaucoup à dire du racisme, des violences
policières, des discriminations sociales, raciales
et culturelles, de l'islamophobie, de l'histoire
coloniale et de ses conséquences, etc. mais nous
refusons d'être cantonnés à cela. Nous avons autant
à dire de la santé, de l'éducation, du travail,
du libéralisme, du sexisme, de l'environnement,
des rapports Nord-Sud, de l'information, des formes
de résistances et de libération, des combats pour
la justice, pour l'égalité, pour la liberté… L'enjeu
est d'initier une présence comme acteurs et actrices
à part entière, produisant nos propres discours
et des pratiques autonomes. L'avenir de nos quartiers
dépend de nous, de vous.
Notre
volonté ne se réduit pas à défendre les quartiers
pour les quartiers. Nous avons besoin de références
communes et d'une stratégie collective clairement
assumée. Les banlieues occupent une place centrale
dans nos villes, et ne peuvent être gérées de
manière spécifique. Le forum, qui aura lieu les
22, 23 et 24 juin 2007 à St Denis, sera un lieu
d'élaboration collective pour agir. Nous appelons
toutes celles et tous ceux pour qui la question
des quartiers est une priorité, à prendre leurs
places au sein des collectifs d'organisation.
De nombreuses rencontres et discussions ont abouti
à la création d'une association nationale ayant
pour objet l'organisation du Forum social des
quartiers populaires. Dès à présent, nous vous
invitons à nous rejoindre, au travers des collectifs
régionaux d'organisation (Paris, Lyon, Montpellier,
Toulouse) pour préparer et construire cet événement
national.
Le
forum sera un rendez vous pour celles et ceux
qui veulent construire une force et une parole
collective issus des quartiers. Il est impératif
de dépasser nos identités propres et de nous appuyer
sur la diversité de nos histoires politiques,
associatives, électorales, faites de revendications,
de luttes et de participations.
Carte
d'identité, carte de séjours, sans papiers, toutes
et tous, des quartiers ou d'ailleurs, vous invitent
à nous rejoindre pour faire de ce rendez-vous
des quartiers, un moment de convergence politique,
social, culturel, festif, pour imposer une expression
commune et offensive de toutes les cités. Quelle
que soit l'issue des élections, nous avons besoin
d'un mouvement national des quartiers, seule garantie,
pour avancer vers l'égalité.
http://fsqp.free.fr/index.htm